Jue. May 2nd, 2024

Elle n’est pas la fondation la plus connue de France, mais elle est désormais, par ses collections et leur nouvelle disposition, l’une des plus séduisantes : la Fondation Bemberg, installée dans l’hôtel d’Assézat, à Toulouse. Après des travaux qui ont duré trois ans et largement changé la muséographie et le parcours, elle a réouvert le 2 février, et sa visite pourrait surprendre. On ne s’attendrait peut-être pas à y découvrir l’un des principaux ensembles de peinture germanique du XVIe siècle conservés en France et un autre, très considérable, de Bonnard.

La cour de l’hôtel d’Assézat vue depuis la loggia, à Toulouse, en janvier.

A vrai dire, il semble que toute l’histoire de la fondation soit placée sous le signe de la surprise et de l’énigme. A commencer par la personnalité du collectionneur, qui avait confié à Toulouse, en 1995, ce qu’il avait accumulé au fil du temps. Georges Bemberg (1915-2011) était né dans une dynastie d’industriels d’origine allemande établis en Argentine à partir de 1852. Ils s’y allièrent à des familles de très grands propriétaires terriens et multiplièrent les entreprises, dont l’une d’elles, les bières Quilmes, domine le marché national depuis 1888.

C’est dire que la question des moyens financiers ne se posa jamais pour lui. Il se voulut d’abord pianiste et fut un temps élève de Nadia Boulanger à New York. Il écrivit beaucoup : des pièces de théâtre, des romans et un essai, L’Innocence américaine ou le mythe d’Abel (Sagittaire, 1948), qui eut du retentissement. Il côtoya Roger Caillois, Saint-John Perse et Borges. Et commença à acheter à New York dans les années 1930, sa première acquisition ayant été une gouache de Pissarro.

Voici pour les faits établis, car, pour ce qui est de sa vie privée, il réussit à la garder si secrète que la biographie qui lui a été consacrée en 2023 par Anne Sauvageot – Georges Bemberg, un collectionneur à la croisée des arts (Privat) – en est réduite à avouer son ignorance en la matière. Tout juste apprend-on qu’à Paris il habitait rue du Dragon, préférant Saint-Germain-des-Prés aux beaux quartiers de l’ouest où, d’ordinaire, les grandes fortunes se logent. Ce détail confirme que Georges Bemberg préférait un certain isolement aux mondanités auxquelles sa situation semblait le condamner.

Diversité encyclopédique

Il n’est pas plus aisé de déduire de sa collection quoi que ce soit à propos de sa personnalité, car elle est d’un grand éclectisme, portée par une diversité presque encyclopédique d’acquisitions. On y trouve de la peinture, de la sculpture, des arts graphiques, du mobilier, des objets d’art et des éditions précieuses. Elle s’étend de la Renaissance à la première moitié du XXe siècle, de Cranach à Picasso, en Italie, Allemagne, Flandres, Grande-Bretagne et France.

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