Jue. May 9th, 2024

Mère de famille, épouse du rappeur Jay-Z, businesswoman, symbole sexy du féminisme et des droits des minorités, Beyoncé Carter-Knowles a toujours eu de l’appétit. Un bel abdomen qui lui a valu le surnom de « Queen Bey », en référence à la reine des abeilles. Depuis son premier album solo, Dangerously in Love (2003), elle a butiné dans toutes les fleurs que lui offraient les musiques urbaines (R & B, pop, hip-hop).

On ne s’attendait pas à ce qu’à 42 ans, la chanteuse américaine quitte sa zone de confort pour traîner ses guêtres dans un univers aussi impitoyable que celui de la musique country. Un monde que les stéréotypes décrivent uniformément comme blanc, sudiste et ultraconservateur. Redneck, raciste et trumpiste, alors que Beyoncé a chanté, en janvier 2013, à Washington, The Star-Spangled Banner, l’hymne national, pour la seconde investiture de Barack Obama.

Son huitième album, sorti vendredi 29 mars avec le teasing usuel reposant sur la rétention d’information, affiche ses intentions dans son titre, Cowboy Carter, et derrière une pochette où elle pose pour un portrait équestre, privilège réservé aux souverains. La voici en reine de rodéo, montée en amazone sur un majestueux Lipizzan et brandissant La Bannière étoilée. Le visuel est dans la continuité de celui de Renaissance (2022), quand elle était quasiment nue sur une monture de verre lumineuse. Afin d’indiquer le deuxième volet d’une trilogie imaginée pendant la pandémie de Covid-19. Les chansons sont d’ailleurs curieusement orthographiées en doublant les « i », probablement pour rappeler que cet album constitue l’acte « ii » du projet.

Légitimité

Le premier était construit comme une playlist en hommage à cette club-culture (disco, house) née dans les marges de la société américaine. Celui-ci est conçu comme un programme radiophonique, ce qu’est la plus prestigieuse institution country, le Grand Ole Opry, diffusée depuis 1927 à Nashville (Tennessee). Les chansons de Beyoncé sont annoncées par deux hôtes historiques, Dolly Parton et Willie Nelson. Deux présences qui ne doivent rien au hasard : la première a su jouer avec humour de son image de « blonde stupide » (c’est elle qui le chante) pour s’imposer chez les machos, le second, Texan comme l’est Beyoncé, hippie fumeur de marie-jeanne, est associé au mouvement « outlaw » (hors-la-loi) en rébellion contre le conservatisme de ce milieu dans les années 1970.

Ce n’est pas la première fois qu’une star de la dance s’accoutre en cow-girl. Madonna, autre icône queer, l’avait précédée, en 2000, avec l’album Music. Sauf que le son n’accompagnait pas l’habit, ce n’était qu’un effet vestimentaire. Notre cavalière, elle, entend bien saisir le taureau par les cornes. Et affirmer qu’elle est aussi légitime à s’emparer de la musique country que sa redoutable concurrente Taylor Swift, une fille de la Côte est, qui a pris la route de Nashville à son adolescence.

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