Mié. May 1st, 2024

L’omission n’a pas échappé aux observateurs. A chacune de ses prises de parole depuis son arrivée à la tête de l’éducation nationale, le 8 février, la nouvelle ministre, Nicole Belloubet, évite soigneusement d’employer l’expression « groupes de niveau ». La mesure est pourtant l’étendard de la politique du « choc des savoirs » décidée, le 5 décembre 2023, par l’actuel premier ministre lors de son passage rue de Grenelle.

Pour répondre à l’hétérogénéité, dont Gabriel Attal estimait qu’elle « condamne certains à stagner et empêche d’autres de s’envoler », les collégiens seront désormais répartis par groupes en fonction de leur niveau scolaire durant tous leurs cours de mathématiques et de français. La nouvelle organisation doit entrer en vigueur pour les élèves de 6e et de 5e en septembre 2024, avant de s’étendre aux 4e et aux 3e en 2025.

Mais les textes officiels entérinant cette transformation n’étaient toujours pas publiés samedi 17 février. Nicole Belloubet a dit « travailler avec les personnels de direction, les inspecteurs, les professeurs, pour voir comment mettre en place ces groupes d’élèves », dans un entretien à Ouest-France jeudi 15 février, et a plusieurs fois annoncé se donner « quelques jours » pour apporter ses réponses.

La nouvelle ministre a reçu les organisations syndicales toute la semaine et le sait, cette politique révolte une large partie de la communauté éducative. Le 8 février, le texte réformant l’organisation du collège a été unanimement rejeté en conseil supérieur de l’éducation par 67 voix contre et une abstention. Enseignants, chefs d’établissement, inspecteurs, parents d’élèves, représentants du public comme du privé, personne n’a approuvé l’arrêté créant les groupes de niveau au sein de cette instance consultative. Pas même le Syndicat national des lycées et des collèges, seul syndicat ayant défendu la philosophie de cette mesure, qui estime désormais que les choix du gouvernement « mènent dans le mur ». « On ne voulait pas de groupes de niveau dès la 6e, et, contrairement à ce qu’a promis le ministère, il n’y a pas les moyens pour financer cette politique », explique son président, Jean-Rémi Girard, qui demande un moratoire sur la mise en œuvre.

Une mesure qui « trie socialement les élèves »

Tous les autres syndicats, soutenus par la Fédération des conseils de parents d’élèves, ont lancé le 5 février une pétition réclamant l’abandon du « choc des savoirs », qui dépasse les 48 000 signatures. Lors de la grève du 1er février, dont l’opposition au « choc des savoirs » était l’un des principaux mots d’ordre, c’est au collège que la mobilisation a été la plus forte – 30 % d’enseignants en grève selon le ministère, près de 50 % selon le SNES-FSU ; des chiffres élevés.

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